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Photo du rédacteurLa maisonnée

2 heures


2 heures que ça l’a pris avant qu’il n’en revienne. Ça faisait longtemps que ce n’était pas arrivé avec cette intensité. Il faut dire qu’à 9 pilules par jour, il a de quoi l’aider à se contrôler.

Dans moins de 2 mois, il aura 13 ans. Pourtant, ce n’est pas un garçon de 13 ans que j’ai devant moi. Certes de corps oui mais pour ce qui est de la maturité… ce sera pour plus tard ou… peut-être jamais?

 

Dans le courant de la dernière année, mon fils a développé des pensées intrusives. Quand le trouble anxieux et le TOC sont trop intenses, il arrive que le patient développe ce genre de pensées. C’est une sorte de pulsion qu’il ne peut contrôler et qui le pousse à faire des choses insensées, dangereuses. Il ne réfléchit pas avant d’agir. Il ne se pose pas de question à savoir si c’est une bonne idée ou non. Bref, il semble n’avoir aucun jugement. Il est capable de nous verbaliser qu’il est tout simplement incapable d’arrêter d’y penser et de s’arrêter. Ses attirances du moment sont les lames et le feu. Vous comprendrez qu’après quelques expériences de fumée et de couteaux dans ma maisonnée, je ne peux plus le laisser sans surveillance et je ne peux encore moins le laisser seul à la maison. Même le temps d’une commission.

 

Cette semaine, je devais accompagner ma plus jeune à son cours de ballet. Fiston devait, par le fait même, lui aussi, nous accompagner. La crise que j’ai eu! Il a commencé par s’opposer verbalement puis ensuite par textos. Quand il est fâché, il me texte même si on est dans la même maison question que je comprenne bien son désaccord. Je ne lui réponds jamais en texto quand il me fait ça. Alors, après quelques textos, je l’ai avisé que s’il continuait à me texter, je lui confisquerais son téléphone. Il s’est arrêté.

Par contre, il a commencé à répéter en boucles qu’il ne viendrait pas. De temps, en temps, il m’ajoutait une phrase au travers comme : «Tu l’sais que je n’aime pas sortir de la maison depuis que je suis petit!», «T’es chiante!», «T’es méchante!» De temps en temps, il bardassait des trucs. Cela a duré 1h30. 1H30!

 

Ma p’tite dernière de 8 ans venait me chuchoter à l’oreille : «C’est pas vrai Maman que t’es chiante. T’es la meilleure maman du monde.» Je lui ai dit que j’appréciais ce qu’elle me disait et je lui ai expliqué que je n’avais pas de peine. Je savais que son frère était fâché et qu’il ne pensait pas réellement ce qu’il disait.

 

Malgré mes explications SACCADE, l’horaire que je lui ai fait, l’heure de départ et la demande qu’il vienne manger s’il veut manger avant de partir, il a continué de s’opposer. Malgré mes rappels de manger et le temps restant avant le départ, il a continué de s’opposer et de m’ignorer.

Lorsqu’est venu le temps de partir, il avait maintenant une faim de loup! Une nouvelle phrase en boucle s’est mise à jouer dans mes oreilles pour un 30 minutes supplémentaires: «J’ai faim! J’ai faim! J’ai faim!» Il a refusé de se lever et d’aller s’habiller pour le départ. Il s’est mis en action lorsque je me suis approchée, lui a pris gentiment le bras pour le lever. En voiture, cette musique à la tonalité si répétitive jouait toujours. «J’ai faim, j’ai faim, j’ai faim!» De temps à autre, le DJ rajoutait une phrase : «C’est ça! Tu veux que je meurs de faim!» Il a commencé à faire un son qu’il faisait pendant des heures quand il était petit : «HmmmmHmmmmHmmmmHmmmm...» (Mais quel retour en arrière! Définitivement, on ne guérit pas de ces conditions mentales. On apprend à gérer au quotidien mais ça reste toujours pas très loin, en latence.) Il s’est mis à taper du pied, donner des coups de poings dans le dossier de sa sœur qui était assise en avant de lui.

À ce pathétique moment, j’ai pouffé de rire. Grand gaillard de 13 ans qui tape du pied et hurle… Sincèrement, je me suis dit :« Vaut mieux en rire qu’en pleurer. Courage Maman!»

 

Arrivée là-bas, il a commencé une nouvelle phrase en boucle : «Je veux m’en aller, je veux m’en aller, maman je veux m’en aller!» Je regardais si les autres parents me regardaient. Un ado de 13 ans qui réagit ainsi… ça suscite généralement des réactions, des pensées, des commentaires, des jugements. J’ai envie de crier que je ne l’ai pas mal élevé, qu’il est autiste et qu’il souffre de santé mentale mais je me retiens.

Après 3 interventions de ma part, lui montrant qu’il dérangeait les autres parents et après lui suggérer de nouveau de lire ses livres qu’il s’était apporté, il a accepté d’ouvrir ses livres tout en grognant.

Abracadabra! C’est là que la magie de la lecture a fait son œuvre et qu’il a enfin décroché. Il s’est plongé dans sa lecture puis s’est excusé à plusieurs reprises de ses réactions.

C’est ainsi que ça l’aura pris 2 heures pour que mon ado se calme et passe à autre chose. Tout ça, pour sortir de la maison et s’occuper 1hre dans une salle d’attente durant un cours de ballet.

 




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